La Navale nantaise au fil du temps

La construction navale a fortement structuré l’histoire économique et sociale de la Basse-Loire. Née, à Nantes, du côté du Port-Maillard, elle s’est déplacée au gré des transformations urbaines, avant de prendre un essor spectaculaire sur la Prairie-au-Duc (la pointe ouest du territoire qui, aujourd’hui est connu sous le nom de Île de Nantes) au XIXe siècle. Des centaines de navires y furent construits, avant que le dernier chantier ne ferme en 1987.

Du centre ville à la Prairie-au-Duc : des chantiers en mouvement

La présence d’activités de construction navale dans la région nantaise est attestée dès l’Antiquité, mais celle-ci resta embryonnaire jusqu’au XVIe siècle. Se déplaçant au gré des besoins, les charpentiers de navires s’installèrent de préférence au Port Maillard, au pied du château des ducs de Bretagne. Le manque de place, l’urbanisation croissante et l’action des pouvoirs publics les obligeront à se déplacer d’est en ouest, vers l’aval de la Loire.

L’implication des armateurs dans le commerce international au XVIIe siècle, puis dans le « commerce triangulaire » au XVIIIe, stimula une croissance économique extraordinaire et la demande en navires, dont la taille s’accrut, augmenta en proportion. À la fin du XVIIIe siècle, Nantes était devenue le premier centre de construction de navires marchands de France.

De véritables chantiers naquirent, atteignant le stade préindustriel. Trop à l’étroit sur la rive droite du fleuve, l’activité de construction navale quitta le centre ville, franchit la Loire et s’installa sur une île de Loire jusque-là réservée au pâturage, la Prairie-au-Duc.

Développement et concentration

Suite à un mouvement de concentration et sous l’action de trois constructeurs, Babin-Chevaye, Dubigeon et Guillet de La Brosse, trois gros chantiers se partageaient la suprématie de la construction navale à Nantes au début du XIXe siècle : les Ateliers et Chantiers de la Loire et les Ateliers et Chantiers de Bretagne sur la Prairie-au-Duc, les chantiers Dubigeon à Chantenay, à quelques kilomètres en aval de Nantes. Cinq autres chantiers de moindre importance complétaient ce dispositif.

La construction navale devint l’industrie pilote de la Basse-Loire, autour de laquelle se greffèrent d’autres activités industrielles, en particulier de la métallurgie, qui faisait travailler trente mille ouvriers vers 1900. À elle seule, la construction navale occupait 35 % de la main-d’œuvre.

L’apogée puis le déclin

La construction navale atteignit son apogée au début des années 1950, mais fut très vite confrontée à de nombreuses difficultés : la concurrence étrangère et la baisse des aides de l’État incitèrent les chantiers à fusionner pour subsister.

Les Ateliers et Chantiers de la Loire (ACL) et les Ateliers et Chantiers de Bretagne (ACB) fusionnèrent en 1961, donnant naissance aux Ateliers et Chantiers de Nantes (ACN), puis à la Société financière et industrielle des Ateliers et Chantiers de Bretagne (SFI-ACB) en 1966. Trois ans plus tard, les activités de construction navale furent cédées à la SA Dubigeon-Normandie, qui quitta le site de Chantenay pour s’installer sur la Prairie-au-Duc en incorporant ce qui restait des ACN. Les ACB, quant à eux, conservèrent la division Mécanique-Chaudronnerie.

Malgré la concentration, le dernier chantier nantais, Dubigeon-Normandie SA, devenue filiale d’Alsthom-Atlantique, ferma ses portes en 1987. Le chantier de Saint-Nazaire, acquis par Aker Yards, puis par STX, reste le dernier grand chantier naval français en activité.

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